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Le président Aliyev a accordé, à Davos, une interview à la chaîne de télévision chinoise CGTN MIS A JOUR VIDEO

Le président Aliyev a accordé, à Davos, une interview à la chaîne de télévision chinoise CGTN 

Bakou, 12 janvier, AZERTAC
Le président de la République d’Azerbaïdjan, Ilham Aliyev, a accordé le 20 janvier, à Davos, une interview à la chaîne de télévision chinoise CGTN (China Global Television Network).
L’interview du président azerbaïdjanais a été diffusée sur ladite chaîne de télévision le 11 février.
L’AZERTAC présente l’interview dans son intégralité.
La présentatrice : Monsieur le Président, quel honneur de vous voir à nouveau à Davos.
Le président Ilham Aliyev : Je suis très heureux de vous voir. Je me souviens de notre précédente rencontre, et je vous remercie pour cette opportunité de m'adresser à votre audience.
La présentatrice : Merci, Monsieur le Président. Dans un monde multipolaire, comment voyons-nous nos propres rêves et projets ? Je suis convaincue que des changements permanents se produisent, mais en même temps, il existe aussi des aspects fondamentaux. Pouvez-vous nous expliquer ce que ces choses représentent pour vous ?
Le président Ilham Aliyev : Eh bien, pour notre pays, le plus grand accomplissement de ces dernières années a été le rétablissement complet de notre intégrité territoriale et de notre souveraineté. Nous avons atteint cet objectif en nous appuyant sur les normes et principes du droit international, en conformité avec la Charte des Nations Unies et les résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU. Pendant une trentaine d’années, cela a été notre idée nationale, et nous avons mobilisé tous nos efforts pour atteindre notre but et rétablir la justice. Malheureusement, les normes du droit international n'ont pas fonctionné, et les organisations internationales ne nous ont pas été utiles. Les résolutions adoptées par de nombreuses organisations internationales sont demeurées lettre morte. Nous avons dû résoudre le problème nous-mêmes et rétablir la justice par nos propres moyens. Cela démontre une fois de plus que ce dont le monde a réellement besoin aujourd’hui, c'est d'un respect total des engagements internationaux.
La présentatrice : C’est claire. Monsieur le Président, dans un monde multipolaire, comment voyez-vous la position de l'Azerbaïdjan ?
Le président Ilham Aliyev : Nous sommes là où nous avons toujours été depuis la restauration de notre indépendance. Nous avons établi une économie forte et, d'ailleurs, autosuffisante. Le taux de dette extérieure par rapport au PIB est très faible – seulement 6,9 %. Sur cette base, nous avons lancé des projets à grande échelle qui ont créé une connectivité dans la région, et nous avons établi une position fiable dans la région du Caucase du Sud et de la mer Caspienne, à laquelle nous appartenons. Bien sûr, nous avons fermement défendu nos intérêts nationaux, notre mode de vie, notre politique indépendante et nous avons obtenu de nombreux succès. Je dirais que l'exemple de l'Azerbaïdjan, relativement nouveau sur la carte internationale, défendant ses intérêts nationaux et établissant de bons contacts à travers le monde, démontre que lorsque vous avez la stabilité et l'unité dans votre société, vous pouvez défendre vos intérêts.
La présentatrice : Monsieur le Président, lorsqu'on regarde au-delà des frontières de l'Azerbaïdjan, on peut voir votre pays comme un acteur international très proactif. Par exemple, vous souhaitez devenir membre de l'Organisation mondiale du commerce. D'ailleurs, vous menez récemment des discussions à ce sujet avec la Chine. Vous avez également accueilli le sommet mondial sur le climat. C’était un événement énorme, et on peut continuer la liste. On peut donc constater l'approche proactive de l'Azerbaïdjan. Je suis sûre, Monsieur le Président, que vous avez des projets et que vous réfléchissez en détail à la manière de progresser.
Le président Ilham Aliyev : Bien sûr, notre objectif était de permettre à l'Azerbaïdjan de prendre sa place sur la carte politique et économique du monde. Accueillir la Conférence sur le climat, qui a réuni environ 200 pays, était un grand défi, une grande responsabilité, mais aussi une immense réalisation. Une autre démonstration de la politique étrangère diversifiée de l'Azerbaïdjan a été le soutien de notre candidature par tous les États participants et les institutions concernées.
La présentatrice : Félicitations.
Le président Ilham Aliyev : On peut dire qu'environ 200 pays et organisations internationales ont soutenu à l'unanimité la candidature de l'Azerbaïdjan. Avant cela, nous avons présidé avec succès, pendant 4 ans, le Mouvement des non-alignés, qui regroupe 120 pays et constitue la deuxième plus grande organisation internationale après l'Assemblée générale des Nations Unies. Cela montre que notre politique, fondée sur l'amitié, la coopération et le respect de la non-ingérence dans les affaires intérieures des autres pays, est véritablement soutenue sur la scène internationale. C'est pourquoi nous sommes en mesure d'accueillir un événement mondial et international de cette envergure.
La présentatrice : Beaucoup suivent de près vos discussions concernant l'adhésion à l'Organisation mondiale du commerce. C'est un grand processus, n'est-ce pas ?
Le président Ilham Aliyev : Oui.
La présentatrice : Cela dit, nous sommes maintenant dans une période où le protectionnisme est en forte augmentation. Parallèlement, vous voyez certaines économies utiliser des outils tarifaires, parfois même des tarifs généralisés contre d'autres économies, et en même temps, la chaîne d'approvisionnement mondiale est quelque peu perturbée. Pourquoi, à ce moment précis, l'Azerbaïdjan pense-t-il qu'il est si crucial de rejoindre l'Organisation mondiale du commerce ?
Le président Ilham Aliyev : En fait, dans votre question, nous avons la réponse à cela. Nous ne sommes toujours pas membres de l'Organisation mondiale du commerce, bien que nous soyons dans une phase active de négociations depuis de nombreuses années – je dirais depuis au moins quelques décennies. La raison pour laquelle ce processus n'a pas abouti à sa conclusion logique est exactement ce que vous avez mentionné. Le protectionnisme, les doubles standards, les tarifs – tous ces éléments perturbent les valeurs fondamentales de l'Organisation mondiale du commerce. Nous voyons que les pays peuvent appliquer des tarifs et utiliser des mécanismes protectionnistes pour protéger leurs marchés, ce qui contredit totalement les principes de l'OMC.
C'est pourquoi nous sommes dans le processus de négociations. Mais en même temps, nous évaluons sérieusement les avantages et les inconvénients. L'une de ces préoccupations est exactement ce dont nous venons de discuter. Une autre est que notre industrie et notre potentiel d'exportation doivent être bien préparés pour cela. Car, jusqu'à présent, une grande partie de nos exportations consiste en des combustibles fossiles, et pour cela, il n'est pas nécessaire d'être membre de l'OMC ; vous vendez vos produits sur le marché.
Ainsi, l'ouverture du marché des membres de l'OMC au monde entier augmentera la concurrence. Mais en même temps, cela pourrait nuire aux intérêts des producteurs locaux. Par conséquent, nous équilibrons ce processus et essayons d'obtenir les meilleures conditions possibles, des conditions positives, pendant que nous serons dans le processus de négociation à venir. Comme je l’ai déjà dit, l'économie azerbaïdjanaise est autosuffisante. Nous avons l'un des taux de dette extérieure les plus bas par rapport au PIB. Nos réserves de change fortes dépassent de 14 fois notre dette extérieure. Nous n'avons pas réellement besoin d'avantages supplémentaires. Nous ne voulons pas perdre ce que nous avons. En même temps, nous verrons si toutes nos propositions concernant l'adhésion – que ce soit dans le processus de négociation sur les relations bilatérales avec les pays ou avec l'organisation en général – sont acceptées, et je pense que le processus se déroulera alors plus facilement.
La présentatrice : D'après ce que je comprends, les dernières nouvelles suggèrent que l'équipe de négociation de l'Azerbaïdjan travaille également avec l'équipe chinoise, y compris au mois de janvier. Je vois une réaction positive des deux côtés.
Le président Ilham Aliyev : Oui, c'est vrai. Parce que vous savez qu'ensuite, l'année dernière, la Chine et l'Azerbaïdjan sont devenus officiellement des partenaires stratégiques. Après la rencontre entre le président chinois et moi-même l'été dernier, une Déclaration pertinente sur le Partenariat stratégique a été adoptée. C'est une démarche politique très importante dans nos relations bilatérales. Le partenariat stratégique représente un très haut niveau de confiance mutuelle et de coopération. Nous sommes impatients d'élargir notre partenariat avec la Chine, y compris sur les questions liées à notre adhésion à différentes organisations internationales, pas seulement à l’OMC.
La présentatrice : Eh bien, vous me conduisez déjà à la prochaine question, Monsieur le Président. Nous voyons que l'Azerbaïdjan a le statut d'observateur au sein de l'Organisation de coopération de Shanghai. Parallèlement, vous cherchez également activement à rejoindre les BRICS, pour ainsi dire. Alors, comment voyez-vous les discussions sur le Sud global du point de vue de la sécurité, du commerce, du développement économique et d'une situation gagnant-gagnant pour tous ?
Le président Ilham Aliyev : En réalité, quant à l'Organisation de coopération de Shanghai, notre statut est celui de partenaire pour le dialogue, et non d'observateur. Cela démontre vraiment une forte volonté mutuelle de nous rapprocher de cette organisation internationale. Bien sûr, lorsque vous travaillez avec des organisations internationales ou souhaitez vous en rapprocher, vous examinez la composition, les États membres. L’Azerbaïdjan entretient de très bonnes relations amicales avec tous les États membres de l'Organisation de coopération de Shanghai et des BRICS. De plus, notre situation géographique, qui est le Caucase du Sud et la mer Caspienne, je pense, sera également importante en termes de notre contribution aux objectifs communs. Définitivement, les questions sur lesquelles nous travaillons actuellement très étroitement – activement avec la Chine et les pays d'Asie centrale – sont des projets de connectivité. Car l'Azerbaïdjan se trouve précisément sur la route allant de l'Est à l'Ouest, avec déjà une infrastructure de transport moderne. Ainsi, nous pouvons vraiment contribuer beaucoup en termes de résultats pratiques.
Bien sûr, l'accès à toute organisation est définitivement un acte politique, mais il doit être soutenu par l'économie, par des projets d'infrastructure pratiques qui unissent encore davantage les pays. Nous, faisant partie du Sud global, avons toujours défendu les intérêts du Sud global. À propos de la COP29, l'une de nos idées était de construire des ponts plus solides entre le Sud global et le Nord global. Parce qu'en tant que pays hôte de la COP29, nous avons constaté qu'il existe un certain niveau de méfiance entre les deux concernant les questions climatiques, et pas seulement cela.
La présentatrice : Ce n'est pas seulement cela, la lacune est en réalité assez large.
Le président Ilham Aliyev : C'est vrai.
La présentatrice : Qu'avez-vous encore observé jusqu'à présent ?
Le président Ilham Aliyev : Eh bien, en réalité, lorsque nous nous sommes profondément impliqués dans les questions liées au changement climatique, nous avons constaté un grand niveau de déception dans les pays qui font face à des menaces existentielles liées au changement climatique. Nous en souffrons tous, l'Azerbaïdjan y compris. Mais il y a des pays, notamment les petits États insulaires, qui font face à des menaces existentielles. Leur situation n'a parfois pas été incluse à l’agenda. Nous l'avons fait. L'un des événements importants lors de la COP29 à Bakou a été le Sommet des petits États insulaires en développement, où l'Azerbaïdjan a présenté un agenda très ambitieux afin d'apporter un soutien pratique à ces pays. Il est évident que sans une approche consolidée des grands acteurs, il sera difficile de soutenir ces pays. Ces pays n'ont pas les ressources financières pour faire face aux problèmes climatiques. Je pense que la responsabilité des pays qui portent ce fardeau est de faire davantage. Le Sud global attend absolument et objectivement plus de soutien de la part des pays les plus riches du monde.
La présentatrice : Comme vous l'avez souligné, Monsieur le Président, il y a une lacune dans le financement. Elle est liée aux promesses faites auparavant, qui n'ont pas été tenues, en particulier envers les pays en développement par les économies développées. Mais il semble que le monde devient de plus en plus divergent et aussi fragmenté. Une partie de ce déficit de confiance ne cesse de croître. Alors, comment un leader, à ce moment de transition et lorsque la confiance politique pourrait diminuer, essaierait-il de prendre des décisions pour son pays ? Je pense que cela implique beaucoup de pression, beaucoup d'études et de recherches.
Le président Ilham Aliyev : Je pense que l'un des principaux facteurs qui permet à l'Azerbaïdjan de se sentir à l'aise dans différents environnements est que nous avons déjà accompli beaucoup de choses en ce qui concerne le travail qui nous incombe. Nous avons construit une économie stable, nous avons un système politique stable, nous avons mis en place de nombreux programmes sociaux qui ont amélioré le niveau de vie des gens, et nous avons réussi à réduire le taux de pauvreté à environ 5%. Grâce à des relations de partenariat solides avec différents acteurs internationaux, nous jouons le rôle d’un facilitateur.
J'ai déjà parlé de notre Déclaration de partenariat stratégique avec la Chine. Mais en même temps, nous avons également signé des déclarations de partenariat stratégique avec 10 membres de l'Union européenne. Nous avons des déclarations d'alliance signées avec la Türkiye, l'Ouzbékistan et la Russie. Cette tendance à une politique étrangère diversifiée repose non seulement sur des politiques mais aussi sur des résultats concrets. Dans chaque domaine, nous avons des résultats pratiques, des programmes de coopération. Notre politique étrangère, comme celle de tout autre pays, n'est qu'une continuation de la politique intérieure. La contribution de l'Azerbaïdjan à la stabilité régionale et à la paix régionale dans une géographie plus large, au-delà de l'Asie centrale, de la mer Caspienne et du Caucase du Sud, est quelque chose qui est déjà apprécié par les acteurs internationaux.
Notre position consiste à ce que si chaque pays se concentre simplement sur son propre agenda et ne tente pas de s’ingérer dans les affaires des autres pays, il n'y aurait pas de conflits, de désaccords ni de guerres. La seule raison pour laquelle nous avons encore des situations instables et des effusions de sang dans le monde est que les pays ayant un passé impérialiste veulent continuer à intervenir, dominer et dicter, et cela conduit naturellement à la résistance.
Nous avons réussi à nous protéger des ingérences dans nos affaires internes. Mais tous les pays n'ont pas le potentiel de le faire. Si les pays sont dépendants économiquement, ils seront certainement moins capables de résister et de défendre leurs intérêts nationaux. L'économie est la base de tout. L'idéologie, l'économie et les idées nationales - tous ces éléments combinés ont véritablement apporté à l'Azerbaïdjan ce que nous méritons.
La présentatrice : Monsieur le Président, comme vous êtes déjà présent dès le premier jour du Forum économique mondial, vous pouvez ressentir qu'il y a une grande incertitude et une certaine inquiétude concernant les semaines et les mois à venir. Par exemple, avec le changement d'administration à Washington, les gens se demandent quelles pourraient être les politiques qui seront suivies. Comment percevez-vous ces incertitudes et l'évolution des méthodes de gouvernance qui en résultent ou qui y sont liés ?
Le président Ilham Aliyev : D'après ce que je peux observer, la principale incertitude concerne les dirigeants européens. Quant à l'Azerbaïdjan, nous n'avons aucune incertitude. Nous nous souvenons du temps où le président Trump était à la tête des États-Unis, et nos relations se sont développées très bien, contrairement aux quatre dernières années, durant lesquelles elles se sont complètement détériorées en raison de l'approche injuste et inéquitable de l’administration Biden envers l'Azerbaïdjan. Ainsi, notre expérience précédente de travail avec le président Trump a été très positive. Nous espérons que ces quatre années, que nous considérons comme des années perdues dans les relations entre les États-Unis et l'Azerbaïdjan, appartiendront déjà à l'Histoire, et que nous repartirons sur de nouvelles bases.
Mais parmi les leaders européens, il y a une grande incertitude et, je dirais, une grande préoccupation. La raison est très simple. Nous savons tous comment le président Trump a été traité par certains d'entre eux, lorsqu'il n'était plus président durant ces quatre dernières années. Nous savons tous qui la plupart d'entre eux ont soutenu lors de cette élection présidentielle. Si nous le savons, le président Trump le sait encore mieux. Nous avons déjà vu, je dirais, la première disqualification. C'est le Premier ministre canadien. Un seul mot du président Trump à son sujet a suffi pour qu'il démissionne.
Ce n’est pas seulement à cause de certains processus politiques. C’est simplement parce que certains dirigeants occidentaux ont été très injustes envers le président Trump, et ils sont certainement préoccupés que le moment soit venu pour eux de rendre des comptes à ce sujet. C’est mon avis. Je me trompe peut-être. Mais je ne vois pas d’autre raison sérieuse d’être préoccupé par le changement aux États-Unis. Je pense que le monde pourrait devenir beaucoup plus sûr. Durant le premier mandat du président Trump, les États-Unis n'ont lancé aucune guerre. Cela a été une expérience unique, si l’on regarde l’histoire des États-Unis au cours des dernières décennies. Quant à l’Azerbaïdjan, nous sommes certains et nous restons optimistes.
La présentatrice : Comment percevez-vous, en tant qu'observateur bien sûr, les interactions entre la Chine et les États-Unis ? Nous comprenons qu'avant la cérémonie d'inauguration de M. Trump en tant que 47e président des États-Unis, le président chinois et le président américain ont eu un entretien téléphonique. Ils ont parlé de la manière dont ils pouvaient coopérer pour le bien de la sécurité, du développement et de la sûreté du monde. Alors, comment percevez-vous cette interaction entre les deux plus grandes économies du monde ?
Le président Ilham Aliyev : Oui, c'était une très bonne nouvelle pour le monde que les présidents de la Chine et des États-Unis soient à nouveau en contact.
La présentatrice : Les connaissez-vous bien tous les deux ?
Le président Ilham Aliyev : Je connais beaucoup mieux le président Xi, car je l'ai rencontré plusieurs fois. Je n'ai pas eu de rencontre formelle avec le président Trump, juste une poignée de main. Mais encore une fois, c'est un très bon signe, un bon signal pour le monde, l'économie mondiale et la stabilité. Car la Chine et les États-Unis sont les deux pays leaders avec les plus grandes économies du monde. Bien sûr, un consensus entre eux sur différents sujets, et une coopération plutôt qu'une confrontation, sera certainement bénéfique pour tous les pays. Donc, lorsque nous avons entendu parler de cet entretien téléphonique, nous en avons été enchantés. Nous espérons que ce processus de partenariat étroit se poursuivra.
La présentatrice : Je me souviens que j'ai eu l'honneur il y a quelques années, en marge du Forum économique mondial, de modérer un panel dans lequel vous, Monsieur le Président, avez parlé en détail du potentiel du Couloir médian. Vous vous souvenez de cette année, n'est-ce pas ?
Le président Ilham Aliyev : Oui, bien sûr.
La présentatrice : Vous étiez avec les leaders politiques et d’affaires de la région et d'ailleurs.
Le président Ilham Aliyev : Oui.
La présentatrice : Des années se sont écoulées, et cela est passé d'une vision à une réalité.
Le président Ilham Aliyev : C'est vrai.
La présentatrice : Ce n'est pas seulement vous qui en êtes un défenseur, mais aussi de nombreux partenaires, y compris la Chine, qui, soit dit en passant, rend cette route encore plus significative. Alors, que pensez-vous de la vitalité du Couloir médian ? Avec la participation de la Chine, ainsi que d'autres partenaires, cela a, d'une certaine manière, revitalisé la région. Comment cela offre-t-il une alternative à un monde de plus en plus préoccupé par la fragmentation ?
Le président Ilham Aliyev : Oui, cela offre définitivement une alternative. Cela offre des opportunités pour les affaires. Parce que la position de l'Azerbaïdjan sur le Couloir médian n'est pas seulement d'être un pays de transit et d’obtenir davantage de frais de transit. Notre objectif est de construire des infrastructures sur le territoire azerbaïdjanais que traverse la route et d’aider le secteur privé à en profiter. Bien sûr, depuis ce panel auquel vous avez fait référence, beaucoup de choses se sont passées dans ce domaine, y compris dans la relation entre la Chine et l'Azerbaïdjan. Comme je l'ai déjà dit, il s'agit d'un partenariat stratégique, mais en même temps, les infrastructures du tronçon azerbaïdjanais du Couloir médian ont été améliorées. À l'heure actuelle, nous voyons que les infrastructures déjà mises à niveau ne seront pas suffisantes dans les 3 à 5 prochaines années.
La présentatrice : Oui, je vois que vous avez toujours de nouveaux objectifs.
Le président Ilham Aliyev : Exactement. Parce que notre objectif était d'avoir une capacité de manutention de 15 millions de tonnes dans notre port de commerce maritime, et cela aurait suffi pendant des décennies. Mais maintenant, nous prévoyons 25 millions de tonnes dans probablement 5 à 6 ans. Alors, que faisons-nous actuellement ? Nous finançons l'expansion de notre port de commerce maritime et de notre infrastructure ferroviaire.
Nous savons que les projets de connectivité en Asie centrale sont en grande partie financés par le gouvernement chinois. Une autre route vers la mer Caspienne est celle vers l'Azerbaïdjan, donc nous devons être absolument prêts pour cela. Je suis convaincu que l'initiative « Une ceinture, une route » du président Xi Jinping créera des opportunités supplémentaires pour tous les pays. Et encore une fois, il s'agit de connectivité, d'opportunités commerciales, mais aussi de stabilité et de sécurité, car nous devenons tous interdépendants. Nous avons des projets d'infrastructure importants qui nous unissent. C'est un bon environnement pour aborder différents types de questions entre les pays, tant sur le plan bilatéral que multilatérale.
La présentatrice : La Chine connaît un développement rapide dans la technologie verte et elle partage certainement son expérience avec le reste du monde. Je comprends également que vous avez un agenda vert très actif. Par exemple, vous travaillez sur certaines centrales solaires avec la Chine. Comment voyez-vous un pays et une économie comme les vôtres, bien qu'ils soient riches en combustibles fossiles, adopter la technologie verte comme solution ultime ?
Le président Ilham Aliyev : Je pense que c'est la responsabilité des pays riches en énergies fossiles d'utiliser leurs revenus pour investir dans les technologies vertes et l'énergie verte. C'est exactement ce que nous faisons. Nous offrons de bonnes opportunités d'investissement pour les investisseurs. Notre objectif immédiat est d'atteindre deux gigawatts d'électricité solaire et éolienne d'ici 2027 et six gigawatts d'ici 2030, ce qui constituera une véritable révolution dans le mix énergétique de l'Azerbaïdjan. J'aimerais également dire que les investisseurs - des entreprises étrangères - qui investissent dans ces projets, y compris des entreprises azerbaïdjanaises, utilisent la technologie chinoise. Les panneaux solaires sont produits en Chine. Actuellement, notre équipe travaille sur la capacité de stockage, et nous avons constaté que les meilleures batteries se trouvent en Chine. Ainsi, je ne peux que féliciter les producteurs chinois pour ce succès remarquable grâce à la qualité et au prix. Personne ne peut rivaliser.
La présentatrice : Surtout pour les pays du Sud global.
Le président Ilham Aliyev : Exactement. Maintenant, les entreprises chinoises sont également intéressées non seulement par la fourniture de services et de technologies, mais aussi par l'investissement en Azerbaïdjan. Cela est déjà en cours. Lors de la COP29, nous avons signé un accord entre l'Azerbaïdjan, le Kazakhstan et l'Ouzbékistan pour installer un câble électrique sous-marin dans le mer Caspienne. Ainsi, nous connecterons l'Asie centrale à l'Azerbaïdjan et potentiellement à la Chine par un câble électrique. Un autre projet consiste à poser un tel câble allant de l'Azerbaïdjan vers l'Europe à travers la mer Noire.
Il s'agit d'une autre forme de connectivité. C'est un corridor pour l'énergie verte avec un potentiel énorme. Parce que le potentiel éolien et solaire de l'Azerbaïdjan est déjà évident, et il est bien plus important que ce que nous aurions pu imaginer. Par conséquent, nous avons besoin de marchés, de technologies et de coopération. Car sans coopération entre voisins, il ne sera pas possible de mettre en œuvre ces projets. Le potentiel est là, et comme vous l'avez mentionné, l'Azerbaïdjan joue un rôle très actif dans la transition verte.
La présentatrice : Comment se fait-il que l'Azerbaïdjan et la Chine semblent toujours se contacter à chaque étape ? C'est étonnant, n'est-ce pas ?
Le président Ilham Aliyev : Oui.
La présentatrice : C'est toujours dans les projets de l'un et de l'autre.
Le président Ilham Aliyev : Oui, cela est vraiment devenu une synergie géopolitique sérieuse.
La présentatrice : Le partenariat stratégique dont vous venez de parler est vraiment en train de tout améliorer.
Le président Ilham Aliyev : Oui, exactement. Et récemment, nous avons appliqué l’exemption de visa pour les citoyens chinois. Ainsi, les citoyens chinois n'ont même plus besoin de faire une demande de visa électronique. Espérons que les citoyens azerbaïdjanais auront bientôt cette opportunité eux aussi. Cela augmentera le nombre de touristes. Cela augmentera certainement les contacts entre les peuples, et la diplomatie publique jouera son rôle. Actuellement, nous travaillons par le biais des canaux diplomatiques officiels - politiques, économiques, commerciaux, investissements, connectivité. Mais la diplomatie publique contribuera considérablement.
La présentatrice : J'ai deux dernières questions. La première concerne l'économie chinoise. Comme vous le savez, Monsieur le Président, l'Azerbaïdjan et la Chine travaillent en étroite coopération, notamment dans le commerce et l’économie. L'économie chinoise traverse une période de transition. Elle cherche de nouveaux points de croissance, et en même temps, elle présente un grand potentiel. Quel est votre avis sur l'état actuel de l'économie chinoise, et en tant qu'économie du Sud global, comment percevez-vous la nature de cette économie en Chine ?
Le président Ilham Aliyev : D'après ce que je sais - je ne suis pas très informé des nouveaux plans, mais d'après ce que nous avons observé, l'économie chinoise est très stable, et constitue un facteur important dans l’économie mondiale. Pour un pays comme l’Azerbaïdjan, qui a besoin de prix stables pour les énergies fossiles, l'économie chinoise est également un facteur important. Lorsque l'économie chinoise croît plus vite, la demande en énergies fossiles augmente. Donc, nous sommes en réalité intéressés, de ce point de vue, par la croissance continue de l'économie chinoise. Mais ce n'est pas facile. Car, quand vous croissez d’année en année, vous accumulez une masse. Il est donc toujours difficile de continuer.
La présentatrice : Les attentes sont très élevées.
Le président Ilham Aliyev : Oui, elles sont très élevées. Mais je suis convaincu que le peuple chinois talentueux trouvera une solution. Je suis sûr que les Chinois ont déjà de nouveaux points de croissance parce qu'ils sont les leaders en technologie. En Azerbaïdjan, par exemple, de nombreuses entreprises chinoises fournissent leurs services et leurs technologies. Comme nous l'avons mentionné, dans la technologie verte, personne ne peut rivaliser. Nos investisseurs, représentant différentes entreprises de diverses régions du monde, choisissent la technologie chinoise pour installer cette capacité.
La présentatrice : Merci pour votre contribution. La dernière question. Je dirais que le monde change très rapidement. Pourtant, chaque fois que je vous parle, Monsieur le Président, il semble que le noyau de votre pays soit toujours très solide. Je me demande vraiment, qu'est-ce que cela signifie ? Pas seulement à propos de vous-même, mais aussi sur le leadership aujourd'hui, surtout en cette période de changements.
Le président Ilham Aliyev : Le leadership, bien sûr, est une grande responsabilité, et la chose la plus importante est qu'un leader doit toujours être juste envers son peuple, envers sa population. Ne jamais mentir à son peuple, et il l'appréciera. Nous savons que parfois, pour des raisons politiques, des leaders en quête de pouvoir font de nombreuses promesses et ne parviennent pas à les réaliser, ce qui conduit à la frustration et au manque de confiance. Cela conduit à une crise politique dans différentes régions du monde.
Mais dans notre cas, j'ai toujours dit la vérité au peuple azerbaïdjanais pendant plus de 20 ans. Peu importe si cette vérité était positive ou négative, quoi qu'il en soit. J'ai toujours dit au peuple que nous rétablirions la justice, et le peuple m'a cru. Après 17 ans au pouvoir, nous avons finalement tenu nos promesses et rétabli notre souveraineté, notre intégrité territoriale et notre dignité. Donc, ma recommandation aux leaders qui essaient d'obtenir le soutien du public est toujours de dire la vérité. Faites ce qui est nécessaire pour le pays, indépendamment des pressions internationales, indépendamment des médias internationaux, peu importe ce qu'ils disent à votre sujet, comment ils vous appellent ou comment ils vous insultent. Faites simplement ce qui est juste pour votre pays, et vous réussirez, et le pays réussira.
La présentatrice : Merci, Monsieur le Président. Comme vous le savez, le Nouvel An chinois lunaire sera célébré cette année juste après la réunion annuelle du Forum économique mondial. Je me demande vraiment si nous pourrions avoir l'honneur et le plaisir de vous entendre adresser un message à vos amis chinois et également au grand peuple chinois.
C’est le Nouvel An lunaire, aussi appelé la Fête du printemps. Cette année, c'est l'Année du Serpent. Il faut être flexible, c'est le genre de chose. Quoi qu'il en soit, c'est une tradition.
Le président Ilham Aliyev : J'aimerais présenter mes meilleurs vœux au peuple chinois pour le Nouvel An lunaire et souhaiter prospérité, paix, stabilité et bonheur à tous nos amis. La Chine et l'Azerbaïdjan sont devenus des partenaires stratégiques il y a seulement six ou sept mois. C'est un partenariat de haut niveau, ce qui démontre notre volonté commune d'être des amis encore meilleurs que nous ne le sommes déjà. Je saisis cette occasion pour inviter nos amis chinois à visiter l'Azerbaïdjan. Ils n'ont déjà plus besoin de visas pour cela. Ils n'ont qu'à prendre un billet et venir voir ce qu'est l'Azerbaïdjan, comment il se développe, et aussi pour se faire de nouveaux amis. Je suis convaincu que les contacts entre les peuples rendront nos pays et nos peuples encore plus proches les uns des autres. Bonne année !
La présentatrice : Merci, Monsieur le Président. J'espère que cette année sera également une excellente année pour le peuple azerbaïdjanais.
Le président Ilham Aliyev : Merci.
La présentatrice : Merci.

 

Chronique officielle 2025-02-12 15:03:00

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