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Réglage

Chaque jour, plus d'un milliard de repas sont gaspillés

Bakou, 28 mars, AZERTAC
Les ménages de tous les continents ont gaspillé plus d'un milliard de repas par jour en 2022, alors que 783 millions de personnes étaient touchées par la faim et qu'un tiers de l'humanité était confronté à l'insécurité alimentaire, selon un nouveau rapport de l’ONU publié à l'occasion de la Journée internationale du zéro déchet.
L’indice 2024 sur le gaspillage alimentaire du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) souligne que le gaspillage alimentaire continue de nuire à l'économie mondiale et d'alimenter le changement climatique, la disparition de la nature et la pollution.
« Le gaspillage alimentaire est une tragédie mondiale. Des millions de personnes souffriront de la faim aujourd'hui, car la nourriture est gaspillée dans le monde entier », a déclaré la Directrice exécutive du PNUE, Inger Andersen. « Il s'agit non seulement d'un problème de développement majeur, mais les conséquences de ce gaspillage inutile entraînent des coûts substantiels pour le climat et la nature », a pour autant signalé Mme Andersen.
Le rapport, rédigé en collaboration avec WRAP, une ONG basée au Royaume-Uni, établit l'estimation mondiale la plus précise sur le gaspillage alimentaire au niveau des détaillants et des consommateurs et propose des conseils aux pays pour améliorer la collecte de données ainsi que des bonnes pratiques pour passer de la mesure à la réduction du gaspillage alimentaire.
En 2022, 1,05 milliard de tonnes de déchets alimentaires ont été générés (y compris les parties non comestibles), soit 132 kilogrammes par habitant et près d'un cinquième de tous les aliments disponibles pour les consommateurs.
Sur l'ensemble des aliments gaspillés en 2022, 60 % l'ont été au niveau des ménages, 28 % dans les services alimentaires et 12 % dans le commerce de détail.
« La bonne nouvelle, c'est que nous savons que si les pays donnent la priorité à cette question, ils peuvent inverser de manière significative les pertes et gaspillages alimentaires, réduire les impacts climatiques et les pertes économiques, et accélérer les progrès vers les objectifs mondiaux », a fait valoir la cheffe du PNUE.
Depuis 2021, l'infrastructure de données s'est renforcée, avec davantage d'études sur le gaspillage alimentaire.
À l'échelle mondiale, le nombre de points de données au niveau des ménages a presque doublé. Néanmoins, de nombreux pays à revenu faible ou intermédiaire ne disposent toujours pas de systèmes adéquats pour suivre les progrès réalisés en vue d'atteindre l'objectif de développement durable 12.3, qui consiste à réduire de moitié le gaspillage alimentaire d'ici à 2030, en particulier dans les secteurs de la vente au détail et de la restauration.
Seuls quatre pays du G20 (Australie, Japon, Royaume-Uni, États-Unis) et l'Union européenne disposent d'estimations sur les déchets alimentaires permettant de suivre les progrès réalisés d'ici à 2030. Le Canada et l'Arabie saoudite disposent d'estimations adéquates pour les ménages, celles du Brésil étant attendues pour la fin de l'année 2024.
Dans ce contexte, le rapport sert de guide pratique aux pays pour mesurer et communiquer de manière cohérente les déchets alimentaires.
Les données confirment que le gaspillage alimentaire n'est pas seulement un problème de « pays riches », puisque les niveaux de gaspillage alimentaire des ménages diffèrent des niveaux moyens observés pour les pays à revenu élevé, moyen supérieur et moyen inférieur de seulement 7 kg par habitant.
Dans le même temps, les pays les plus chauds semblent générer davantage de déchets alimentaires par habitant dans les ménages, ce qui pourrait s'expliquer par une plus grande consommation d'aliments frais contenant une grande quantité de parties non comestibles et par l'absence d'une chaîne du froid solide.
Selon des données récentes, la perte et le gaspillage de nourriture génèrent 8 à 10 % des émissions annuelles mondiales de gaz à effet de serre - soit près de cinq fois celles du secteur de l'aviation - et une perte importante de biodiversité en occupant l'équivalent de près d'un tiers des terres agricoles de la planète.
Le coût des pertes et gaspillages alimentaires pour l'économie mondiale est estimé à environ 1.000 milliards de dollars.
Les zones urbaines devraient particulièrement bénéficier des efforts visant à renforcer la réduction des déchets alimentaires et la circularité.
Les zones rurales gaspillent généralement moins de nourriture, ce qui s'explique probablement par un détournement plus important des restes alimentaires vers les animaux domestiques, le bétail et le compostage domestique.
En 2022, seuls 21 pays avaient inclus la perte de nourriture et/ou la réduction des déchets dans leurs plans nationaux pour le climat. Le processus de révision de ces plans offre une occasion unique d'accroître l'ambition climatique en intégrant les pertes et les déchets alimentaires.
Le rapport sur l'indice de gaspillage alimentaire souligne l'urgence de s'attaquer au gaspillage alimentaire au niveau individuel et systémique.
« Compte tenu du coût considérable des déchets alimentaires pour l'environnement, la société et les économies mondiales, nous avons besoin d'une action mieux coordonnée entre les continents et les chaînes d'approvisionnement », a déclaré pour sa part la PDG de WRAP, Harriet Lamb.
Des bases de référence solides et des mesures régulières sont nécessaires pour que les pays puissent montrer les changements au fil du temps. Grâce à la mise en œuvre de politiques et de partenariats, des pays comme le Japon et le Royaume-Uni montrent qu'un changement à grande échelle est possible, avec des réductions respectives de 31% et 18%.
La PDG a appelé les acteurs « qu'ils soient philanthropiques, commerciaux ou gouvernementaux », à se munir de programmes « qui s'attaquent à l'impact énorme du gaspillage alimentaire sur la sécurité alimentaire, notre climat et nos portefeuilles ». « C'est essentiel pour garantir que la nourriture nourrisse les gens, et non les décharges ».

Societe 2024-03-28 11:16:00