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Réglage

Les vagues de chaleur et les inondations ont des conséquences différentes sur les femmes et les hommes

Bakou, 6 mars, AZERTAC
Les conséquences néfastes du changement climatique sont sans commune mesure sur les revenus des femmes rurales, des personnes vivant dans la pauvreté et des franges âgées de la population, car leur capacité de réagir et de s’adapter aux événements météorologiques extrêmes n’est pas égale à celle des autres catégories sociales, ainsi que vient de le confirmer un rapport récent de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).
Le rapport Unjust Climate (Le Climat est injuste) fait ressortir une triste réalité: chaque année dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire, les femmes à la tête de leur foyer dans les zones rurales subissent des préjudices financiers nettement plus importants que leurs homologues hommes. C’est ainsi qu’en cas de stress thermique, les ménages dirigés par une femme accusent en moyenne une perte de revenu de 8 pour cent supérieure à ceux qui ont un homme pour chef de famille, et de 3 pour cent supérieure en cas d’inondation. Cela se traduit par une perte de revenu de 83 USD par tête provoquée par le stress thermique et de 35 USD par tête en cas d’inondations, soit un total de 37 milliards d’USD et de 16 milliards d’USD respectivement pour l’ensemble des pays à faible revenu et à revenu intermédiaire.
Si les températures moyennes augmentaient de seulement 1°C, ces femmes feraient face à une perte totale de revenus 34% plus importante que les hommes. L’étude révèle des différences importantes de productivité et de salaire dans l’agriculture entre les femmes et les hommes, et suggère que si ces disparités ne sont pas corrigées, le changement climatique les accentuera considérablement dans les années à venir.
La FAO a analysé les données socioéconomiques de plus de 100 000 foyers ruraux, représentant plus de 950 millions de personnes, dans 24 pays à revenu faible ou intermédiaire. En croisant ces informations avec les données pluviométriques et thermiques quotidiennes sur 70 ans, le rapport examine l’incidence des différents facteurs de stress climatique sur les revenus, le travail et les stratégies d’adaptation des personnes, en ventilant les résultats par niveaux de ressource, sexes et tranches d’âge.
Ces données révèlent que les impacts de ces facteurs diffèrent non seulement en fonction du sexe mais aussi de la condition socioéconomique. Le stress thermique, soit une surexposition à des températures élevées, accentue les disparités de revenus en touchant plus fortement les foyers ruraux classés comme pauvres, qui subissent des pertes 5 pour cent supérieures (17 USD par personne) à celles de leurs voisins mieux lotis, et les chiffres relatifs aux inondations sont similaires. Par ailleurs, les températures extrêmes se traduisent par une intensification du travail des enfants et augmentent la charge de travail non rémunéré des femmes dans les foyers pauvres.
«Les différences sociales que créent la situation géographique, le niveau de ressource, le sexe et l’âge ont une forte incidence, encore mal comprise, sur la vulnérabilité des populations rurales aux effets de la crise climatique. Ces conclusions font ressortir la nécessité urgente de consacrer de plus amples ressources financières et d’accorder un soin politique particulier aux questions d’inclusion et de résilience dans les actions climatiques mondiales et nationales», a déclaré le Directeur général de la FAO, M. QU Dongyu.
En effet, tout ce qui fait obstacle à l’accès aux ressources, aux services et à l’emploi entame la capacité des ruraux de s’adapter au changement climatique et d’y faire face. C’est ainsi que des normes et des politiques discriminantes font peser un fardeau disproportionné sur les femmes en matière de responsabilités et de soins domestiques, limitent leurs droits fonciers, les empêchent de prendre des décisions concernant leur travail et gênent leur accès aux informations, aux financements, aux technologies et à d’autres services essentiels.
En revanche, les foyers dirigés par des jeunes éprouvent moins de difficultés que les foyers de personnes plus âgées à trouver un emploi hors de l’agriculture lors des périodes marquées par des extrêmes météorologiques. Ce qui rend les revenus des plus jeunes moins susceptibles de pâtir de ces événements climatiques.
Les phénomènes météorologiques extrêmes obligent aussi les foyers ruraux appauvris à recourir à des stratégies d’adaptation qui leur portent préjudice. Celles-ci se soldent souvent par une réduction de leurs revenus, le bradage de têtes de bétail et une réaffectation des dépenses nécessaires à l’exploitation agricole. Ces mesures ne font qu’aggraver leur vulnérabilité aux changements climatiques sur le long terme. (FAO)

Monde 2024-03-06 16:33:00