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Les participants de la conférence internationale « Décolonisation : le début de la Renaissance » adressent une lettre ouverte au président français

Istanbul, 24 février, AZERTAC

Les participants de la conférence internationale portant sur le thème « Décolonisation : le début de la Renaissance », organisée par le Groupe d’initiative de Bakou (GIB) à Istanbul samedi 24 février ont adressé une lettre ouverte au président français Emmanuel Macron afin de lui faire part de la profonde inquiétude sur la situation coloniale subie par les peuples polynésiens, corses, mélanésiens, caribéens et antillais.
L’AZERTAC présente la lettre dans son intégralité ci-dessous :
« Monsieur le Président,
Nous avons l’honneur de vous envoyer cette lettre afin de vous faire part de notre profonde inquiétude sur la situation coloniale subie par les peuples polynésiens, corses, mélanésiens, caribéens et antillais.
En effet, après la signature de la Charte des Nations Unies (ONU) en 1945, les normes internationales d'autonomie gouvernementale ont commencé à évoluer grâce à l'examen par l'Assemblée générale des Nations Unies (AGNU) des conditions requises pour une véritable autodétermination et la décolonisation qui en découle. Des résolutions pertinentes ont été adoptées par l'AGNU de 1946 à 1960, et un consensus mondial sur ces principes internationaux a commencé à émerger. Le processus s'est accéléré en 1960 avec l'adoption de la Déclaration historique sur la décolonisation (Résolution 1514) et de la résolution qui l'accompagne (Résolution 1541). Ces développements ont encouragé le mouvement vers l'indépendance des pays territoires colonisés.
64 ans après de la résolution historique susmentionnée les peuples polynésiens, corses, mélanésiens, caribéens et antillais subissent encore des nouveaux pratiques de colonialisme.
Créé en 2023 en tant qu’une organisation non gouvernementale de portée internationale le Groupe d’Initiative de Baku (GIB) a pour son objectif principal de soutenir la lutte contre le colonialisme et le néocolonialisme.
Lors des conférences internationales organisées par le GIB plusieurs informations de première main émanant des indépendantistes et nationalistes polynésiens, corses, mélanésiens, caribéens et antillais au sujet de situations discriminatoires dans les secteurs de l’emploi, de l’accès au logement, de l’exploitation des ressources naturelles ou encore par exemple de l’immigration massive organisée sous l’égide de votre gouvernement ont été constatées.
Ci-dessous nous vous présentons la liste non exhaustive des constats :
La mise en œuvre dans les territoires concernés d’une stratégie délibérée de mal développement économique qui organise, au profit des monopoles français, l’extrême dépendance alimentaire des populations (plus de 80% des produits alimentaires en provenance de la France), la cherté de la vie, la paupérisation (en Guyane 50% de la population vit sous le seuil de pauvreté) et le chômage massif, entraînant ainsi toutes sortes de dérives (violences, trafics d’armes et de drogues) qui hypothèquent gravement le futur de ces territoires;
La non ratification de Convention (n° 169) relative aux peuples indigènes et tribaux de 1989 (Guyane) ;
L’institution de l’hégémonie de la culture française et d’une politique d’assimilation qui relèguent au second plan les langues locales, de plus en plus menacées, et imposent aux enfants locaux des programmes scolaires français qui ne correspondent ni à l’histoire de peuples autochtones, ni à leurs géographies, ni à leurs cultures, ni à leurs ambitions pour leur futur ;
L’accaparement des terres (90% des terres guyanaises appartiennent à l’Etat français), la mainmise sur des millions de Km2 de Zones Économiques Exclusives (qui font de la France, avec 11 millions de Km2 de ZEE, la seconde puissance maritime mondiale), la colonisation de peuplement, laquelle, à travers les politiques de déportation de jeunes autochtones en France pendant des décennies, a largement contribué à une crise démographique sans précédent en Guadeloupe et en Martinique et le pillage des ressources naturelles;
L’instauration d’une justice coloniale à deux vitesses qui criminalise toute résistance et protège les corrompus (emprisonnement de jeunes luttant contre l’empoisonnement au chlordécone et le vol des terres en Martinique et Guadeloupe, juridictions d’exception pour les Corses qui jugent les prisonniers politiques sans leur reconnaître ce statut et traitement inégalitaire de leurs conditions de détention) ;
La politique de la chaise vide depuis la réinscription de Polynésie sur la liste des pays à décoloniser ;
L’utilisation de territoires sans la moindre consultation de leurs peuples - comme bases géostratégiques militaires dans les préparatifs de guerre des grandes puissances occidentales, notamment dans la zone indopacifique (Polynésie, Nouvelle-Calédonie), mais aussi dans la zone Caraïbes-Amériques (Guyane, Martinique, Guadeloupe) et en Corse (base de Solenzara) ;
Le non-respect au processus de décolonisation engagée par l’Accord de Nouméa et ainsi le déroulement d’un référendum illégal et le dégel du corps électoral.
CONSCIENTS DE NOS RESPONSABILITÉS devant l’histoire et devant nos peuples, les représentant.e.s des organisations des dernières colonies françaises polynésiens, corses, mélanésiens, caribéens et antillais et le Groupe d’Initiative de Bakou ont l’honneur de solliciter votre haute autorité afin de faire cesser tous types d’agissements de votre gouvernement contraires aux règles et pratiques internationales.
Nous soulignons la nécessité de créer et d'envoyer immédiatement un groupe international d'experts sous l'égide de l'UNESCO aux territoires concernés pour préparer un rapport informatif sur l'état du patrimoine culturel et religieux autochtone.
Nous appelons le Gouvernement français de solliciter auprès de l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe l’envoie d’une mission spéciale afin d’étudier sur place la situation dans les domaines de l’environnement, de l’économie, des droits de l’homme et des droits des peuples autochtones.
Au moment où notre humanité est confrontée aux conséquences majeures du réchauffement climatique et à des menaces inédites qui engagent son futur, nous vous demandons solennellement de respecter les dispositions de la charte et du Pacte international relatif aux droits civils et politiques des Nations Unies.
Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de nos sentiments respectueux. »

 

Politique 2024-02-24 21:22:00