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Réglage

Un expert russe : L’Arménie s’est retirée de l’alliance militaire menée par la Russie suite à un accord avec Paris

Bakou, 24 février, AZERTAC

Les déclarations du premier ministre arménien selon lesquelles Erevan « suspend » la coopération avec l’Organisation du Traité de Sécurité Collective (OTSC), une organisation intergouvernementale à vocation politico-militaire chapeautée par la Russie, font suite à de récents accords avec la France et marquent le début d'un revirement vers plusieurs nations occidentales en matière de coopération militaire, selon un expert politique russe.
Dans un entretien avec l’agence de presse Anadolu, Igor Korotchenko, directeur général de l'Institut caspien d'études stratégiques basé à Moscou, a déclaré que Nikol Pachinian avait évoqué, au début du mois, avec le président français Emmanuel Macron, la question du retrait de l'OTSC de l'ancienne république soviétique.
« La question du retrait de l'Arménie de l'OTSC a été abordée, lors de discussions à huis clos avec le président français Emmanuel Macron, dans le cadre de la visite de Pachinian à Paris les 10 et 11 février. Tout ce que poursuit Pachinian aujourd'hui, c'est un plan d'action convenu avec Macron », a déclaré Korotchenko.
« Pachinian n'a pas l'intention de faire des changements brusques, mais il est évident que l'Arménie augmentera progressivement et régulièrement sa coopération avec les pays occidentaux, y compris avec la France, qui est l'un de ses principaux partenaires et le « guide » de l'Arménie », a-t-il souligné.
Igor Korotchenko a dit que, lors de la visite de Pachinian à Paris, un accord a été conclu entre le service de renseignement français, la Direction générale de la sécurité extérieure (DSGE), et la nouvelle agence de renseignement arménienne sur l'échange de données sur quatre pays - l'Azerbaïdjan, l'Iran, la Russie et la Türkiye - sur une liste de questions convenues. L'Arménie a des frontières avec l'Azerbaïdjan, l'Iran et la Türkiye, et est séparée de la Russie par la Géorgie au nord.
La France transmettra également à l'Arménie des données satellitaires contenant des informations « sur la situation militaire et politique le long de la zone frontalière de l'Arménie », a-t-il noté.
« La seule chose qui empêche actuellement Pachinian de rompre définitivement avec l'OTSC et la Russie est la conjoncture économique. L'Arménie bénéficie d'un certain nombre de privilèges importants de la part de la Russie, ainsi que de tous les avantages liés à l'adhésion au bloc économique régional qu'est l'Union économique eurasiatique », a-t-il expliqué.
Il est important pour Pachinian d'éviter les sanctions russes, car l'économie arménienne subirait alors de lourdes pertes, a ajouté Korotchenko, soulignant toutefois que la décision de « passer dans le giron de la France » était définitive et qu'elle serait appliquée de manière cohérente.
L'expert a déclaré que les déclarations de Nikol Pachinian accusant l'Azerbaïdjan d'« agressivité » relevaient de « pure et simple politique ».
« L'Azerbaïdjan a réglé tous les problèmes qui l'intéressaient, y compris le transit des marchandises vers le Nakhitchevan, en signant un accord idoine avec l'Iran », a-t-il ajouté.
« Les accusations de l'Arménie contre l'Azerbaïdjan sont formulées à l'instigation de la France, leur but est de diaboliser l'Azerbaïdjan, de soumettre le pays aux sanctions économiques d'un certain nombre de pays de l'UE, essentiellement pour créer un prétexte permettant à la France elle-même de les imposer », a-t-il déclaré.
Dans une interview accordée, jeudi, à la chaîne France24, le premier ministre arménien, Nikol Pachinian avait annoncé qu'Erevan suspendait sa participation à l'OTSC.
Le Kremlin a cependant déclaré qu’Erevan n'avait pas envoyé de notification officielle à l'OTSC.
Selon Pachinian, l'OTSC, qui regroupe six anciennes républiques soviétiques, n'a pas atteint ses objectifs « en ce qui concerne l'Arménie, en particulier en 2021 et 2022. Et nous ne pouvions pas tolérer cela sans réagir ».
Les autres anciennes républiques soviétiques membres de l'alliance sont la Biélorussie, le Kazakhstan, le Kirghizistan, la Russie et le Tadjikistan.
Les relations entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie sont tendues depuis 1991, lorsque l'armée arménienne a occupé le Karabagh, un territoire internationalement reconnu comme faisant partie de l'Azerbaïdjan, ainsi que sept régions adjacentes.
L'Azerbaïdjan a libéré la majeure partie de la région au cours de la guerre de l'automne 2020, qui s'est terminée par un accord de paix négocié par la Russie, ouvrant la voie à une normalisation.
En septembre dernier, Bakou a lancé une « opération antiterroriste » au Karabagh afin de restaurer « l'ordre constitutionnel », au terme de laquelle les dernières forces séparatistes de la région ont capitulé.

Politique 2024-02-24 19:39:00