×
A
A
A
Réglage

L’OMS : Beaucoup trop de ménages de la Région européenne sombrent dans la pauvreté en raison de frais de santé

Bakou, 13 décembre, AZERTAC

Alors que les responsables de la santé de la Région européenne de l’OMS se réunissent en Estonie à l’occasion de la Conférence historique sur les systèmes de santé pour célébrer le 15e anniversaire de la Charte de Tallinn, celle-ci affirmant que l’on ne doit pas devenir pauvre à cause de problèmes de santé, un nouveau rapport de l’OMS/Europe portant sur 40 pays d’Europe constate que des millions de personnes éprouvent encore des difficultés à payer leurs soins de santé.
En raison de la forte dépendance des systèmes de santé à l’égard des paiements à charge du patient, nombreux sont ceux qui connaissent des difficultés financières en se faisant soigner ou sont confrontés à des obstacles à l’accès, ce qui se traduit par des besoins non satisfaits. Les paiements à charge du patient plongent également certains dans la pauvreté ou les rendent encore plus pauvres. Dans le monde, 4,5 milliards de personnes, soit plus de la moitié de l’humanité, ne sont pas couvertes par les services de santé essentiels.
Les nouvelles données prépandémiques de 2019 révèlent des tendances inquiétantes. De nombreux pays de la Région présentent en effet de graves lacunes en matière de couverture sanitaire : seuls 23 pays sur 40 déclarent couvrir plus de 99 % de la population. L’incidence des dépenses de santé catastrophiques est 3 fois plus élevée dans les pays présentant des lacunes en matière de couverture que dans les pays couvrant plus de 99 % de la population.
Si l’on considère le cinquième le plus pauvre de la population d’un pays donné, les dépenses de santé catastrophiques peuvent être 2 à 5 fois plus importantes que la moyenne nationale. Encourir des dépenses de santé catastrophiques signifie qu’un ménage ne peut plus se permettre de répondre à ses besoins fondamentaux (alimentation, logement et chauffage) parce qu’il doit supporter lui-même le coût des soins de santé.
En d’autres termes, les personnes les plus pauvres sont celles qui risquent le plus de souffrir de difficultés financières. Dans la majorité des pays (28), l’incidence des dépenses de santé catastrophiques a augmenté au fil du temps, avec une hausse moyenne de 1,7 point de pourcentage. Dans les 12 autres pays, elle a diminué de 1,8 point de pourcentage en moyenne.
Les paiements à charge du patient pour les médicaments délivrés en ambulatoire sont principalement à l’origine de difficultés financières dans tous les pays, en particulier pour le cinquième le plus pauvre de la population, suivi par les produits médicaux (par exemple, les prothèses auditives) et les soins dentaires. Dans les 20 % de ménages les plus pauvres, les dépenses en médicaments représentent 60 % des dépenses de santé catastrophiques en moyenne dans les 40 pays.
La pandémie a aggravé la situation pour beaucoup, créant d’énormes retards qui peuvent obliger les patients à payer de leur poche médicaments et soins de santé privés, et entraînant des obstacles insurmontables à l’accès, ce qui a des conséquences négatives sur la santé.
Les médicaments, les produits médicaux et les soins dentaires sont des services qui devraient être dispensés ou gérés dans des structures de soins primaires. Les conclusions du rapport font état d’une lacune importante en matière de couverture des soins primaires dans de nombreux pays de la Région.
« Notre rapport montre que, déjà avant la pandémie, les populations étaient confrontées à un niveau inacceptable de dépenses de santé catastrophiques. Â l’occasion de la Journée internationale de la couverture sanitaire universelle, et après les ravages causés par la pandémie de COVID-19, il est temps de remettre les systèmes de santé sur la bonne voie », a déclaré le docteur Hans Henri P. Kluge, directeur régional de l’OMS pour l’Europe.
« Pour des millions d’habitants de la Région européenne, les soins de santé gratuits ou abordables ne sont qu’un rêve. Nombre d’entre eux doivent en effet faire des choix particulièrement difficiles, comme celui de payer des médicaments ou des traitements au détriment de la nourriture ou de l’électricité. Nous ne pouvons tout simplement pas permettre que les coûts des soins de santé appauvrissent des millions de familles. Après tout, la santé est un droit fondamental de l’être humain. »
L’OMS/Europe exhorte les pays à faire les 5 choix politiques suivants afin d’améliorer la protection financière et de s’approcher de l’objectif d’instaurer la couverture sanitaire universelle. Les politiques de couverture doivent être financées de manière adéquate par les dépenses publiques afin de garantir qu’il n’y ait pas de pénurie majeure de personnel, de longs délais d’attente pour les traitements et de paiements informels. Le droit aux soins de santé financés par des sources publiques doit être dissocié du paiement des cotisations sociales à l’assurance maladie. C’est l’autorité fiscale compétente qui doit traiter les cas de non-paiement des cotisations d’assurance maladie, et non le système de santé. Les paiements à charge du patient (le reste à charge) doivent être appliqués avec parcimonie, et conçus de manière à ce que les personnes à faibles revenus ou souffrant de maladies chroniques en soient automatiquement exemptées. La couverture des soins primaires devrait inclure le traitement, et pas seulement la consultation et le diagnostic. Cela contribuera à réduire les paiements à charge du patient pour les médicaments, les produits médicaux et les soins dentaires. Les réfugiés, les demandeurs d’asile et les sans-papiers devraient avoir droit aux mêmes prestations que le reste de la population, sans qu’il y ait d’obstacles administratifs à l’accès aux droits. (OMS)

 

Societe 2023-12-13 19:32:00