×
A
A
A
Réglage

L’intensification du terrorisme est actuellement le plus durement ressentie en Afrique

Bakou, 11 novembre, AZERTAC

L’intensification du terrorisme, qui est une menace majeure pour la paix et la sécurité internationales, est actuellement le plus durement ressentie en Afrique, a déclaré jeudi Amina Mohammed, Vice-Secrétaire générale de l'ONU au Conseil de sécurité.
« Les terroristes et les extrémistes violents, dont Daech, Al-Qaïda et leurs affiliés, exploitent l'instabilité et les conflits pour accroître leurs activités et intensifier les attaques à travers le continent », a-t-elle dit.
« Leur violence insensée, alimentée par la terreur, a tué et blessé des milliers de personnes et beaucoup d'autres continuent de souffrir de l'impact plus large du terrorisme sur leurs vies et leurs moyens de subsistance », a-t-elle ajouté devant les membres du Conseil de sécurité.
La misogynie étant au cœur de l'idéologie de nombreux groupes terroristes, les femmes et les filles en particulier portent le poids de l'insécurité et des inégalités.
Et au cours des deux dernières années, certaines des filiales les plus violentes de Daech se sont développées, augmentant leur présence au Mali, au Burkina Faso et au Niger ainsi que vers le sud dans le golfe de Guinée.
« Les groupes terroristes et extrémistes violents aggravent l'instabilité et la souffrance humaine. Et ils peuvent replonger un pays sortant d'une guerre dans les profondeurs du conflit », a rappelé la haute responsable onusienne.
Les terroristes, les groupes armés non étatiques et les réseaux criminels poursuivent souvent des stratégies alimentées par la contrebande, la traite des êtres humains et d'autres méthodes de financement illicite - se faisant parfois passer pour des forces armées légitimes.
Et tandis que les outils numériques propagent la haine et la désinformation, les terroristes et autres groupes criminels exploitent les tensions intercommunautaires et l'insécurité alimentaire déclenchées par le changement climatique.
Dans le monde hyper-connecté d'aujourd'hui, Mme Mohammed a rappelé que la propagation du terrorisme en Afrique n'est « pas une préoccupation pour les seuls États membres africains ». « Le défi nous appartient à tous. La lutte contre le terrorisme international nécessite des réponses multilatérales efficaces », a-t-elle dit.
De l'urgence climatique aux conflits armés, en passant par la pauvreté et les inégalités, le cyberespace anarchique et la reprise inégale après la COVID-19, elle a également souligné que le terrorisme converge avec d'autres menaces.
Pour une approche holistique et globale, la numéro deux de l'ONU a cité le nouvel agenda pour la paix des Nations Unies. Dans un contexte de polarisation croissante, cet agenda propose des moyens de faire face aux risques et de revitaliser notre système collectif de paix et de sécurité.
Présentant cinq suggestions pour faire avancer les efforts de lutte contre le terrorisme en Afrique, Mme Mohammed a rappelé que « la prévention reste notre meilleure réponse ». « Nous devons nous attaquer à l'instabilité et aux conflits qui peuvent conduire au terrorisme en premier lieu, ainsi qu'aux conditions exploitées par les terroristes dans la poursuite de leurs objectifs », a-t-elle dit.
Deuxièmement, elle a appelé à des approches « pan-sociétales » sensibles au genre et fondées sur la communauté. Notant « les liens complexes entre le terrorisme, le patriarcat et la violence sexiste », elle a déclaré que les politiques de lutte contre le terrorisme devaient être « renforcées par la participation et le leadership significatifs des femmes et des filles ».
Elle a souligné dans son troisième point que « la lutte contre le terrorisme ne peut jamais être une excuse pour violer les droits de l'homme ou le droit international » car cela « ne ferait que nous faire reculer ».
Quatrièmement, elle a souligné l'importance des organisations régionales qui peuvent relever les défis posés par les groupes terroristes et extrémistes violents dans le contexte local.
Enfin, Mme Mohamed a appelé à un « financement soutenu et prévisible » pour prévenir et contrer le terrorisme.
De la privation économique au crime organisé et aux défis de gouvernance, « l'ampleur du problème appelle des investissements audacieux », a-t-elle déclaré aux ambassadeurs.
En conclusion, la Vice-Secrétaire générale a salué le Sommet prévu en octobre 2023 sur la lutte contre le terrorisme en Afrique comme une occasion d'examiner les moyens de renforcer les efforts de l'ONU sur l'ensemble du continent. Elle s'est dit convaincue que le débat d'aujourd'hui offrirait des perspectives pour le sommet et « contribuerait à construire des communautés et des sociétés pacifiques et stables à travers le continent ».
Présidant la réunion alors que son pays assume la présidence du Conseil pour novembre, le Président ghanéen Nana Addo Dankwa Akufo-Addo, a témoigné de l'importance de rétablir une autorité efficace de l'État et de promouvoir une gouvernance inclusive à travers le continent. Il a également exhorté le Conseil à soutenir les opérations antiterroristes dirigées par l'Union africaine, y compris avec un financement prévisible.
Le Président de la Commission de l'Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a attiré l'attention dans son exposé sur les dommages physiques et psychologiques quotidiens causés par le terrorisme et a rappelé que les réponses conventionnelles et les anciens modèles ne sont plus pertinents pour contrer l'évolution des menaces sur le terrain.
Et alors que le terrorisme s'étend à de nouvelles parties du continent, Benedikta von Seherr-Thoss, Directrice générale de la politique de sécurité et de défense commune et de la réaction aux crises au sein de la branche diplomatique de l'Union européenne (Service européen pour l'action extérieure), a souligné la nécessité d'un soutien en matière de sécurité tout en soulignant le rôle du développement durable pour nourrir la paix. (ONU)

 

 

Monde 2022-11-11 12:06:00