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L’OIT : Les crises multiples menacent la reprise du marché du travail

Bakou, 1er novembre, AZERTAC

Alors que les conséquences de la pandémie de Covid-19 s’estompent, les crises multiples qui se superposent au niveau géographique et au niveau économique constituent un danger pour la reprise du marché du travail à travers le monde. Selon l’Organisation internationale du travail (OIT), ces crises multiples menacent la reprise du marché du travail.
Le marché mondial de l’emploi va se « détériorer de manière significative » ce trimestre, a alerté lundi cette institution de l’ONU basée à Genève, pointant du doigt les conséquences de la guerre en Ukraine et l’impact du resserrement de la politique monétaire sur la consommation.
Selon l’OIT, les perspectives concernant le marché du travail dans le monde ont connu une détérioration ces derniers mois et, si ces tendances se confirment, le nombre d’offres d’emploi devrait se réduire et la croissance de l’emploi au niveau mondial devrait se détériorer sensiblement au dernier trimestre 2022.
Un déficit de 40 millions d’emplois à temps plein
Dans ces conditions, le chômage et les inégalités devraient augmenter à cause des multiples crises économique et politique qui menacent la reprise du marché du travail à travers le monde, indique la dernière édition de l’Observatoire de l’OIT sur le monde du travail.
Certains signes indiquent déjà que la reprise du nombre d’heures travaillées dans le monde, observée au début de 2022, s’est inversée aux deuxièmes et troisièmes trimestres, a indiqué l’organisme des Nations Unies. « De nouveaux efforts coordonnés à la fois au niveau national et au niveau international seront nécessaires pour s’attaquer à la situation profondément inquiétante de l’emploi au niveau mondial et empêcher un ralentissement général important du marché du travail », a affirmé Gilbert Houngbo, Directeur général de l’OIT.
Dans l’ensemble, il y avait 40 millions d’emplois à temps plein en moins entre juillet et septembre par rapport au quatrième trimestre de 2019, qui est utilisé comme niveau de référence avant la pandémie de Covid-19.
Le niveau des heures travaillées était 1,5 % en-dessous des niveaux atteints avant la pandémie. Concentrée dans les pays en développement, la croissance des emplois informels en 2021 a permis de compenser entièrement les pertes subies en 2020, ce qui n’est pas le cas pour les emplois formels.
En 2022, on estime que les emplois informels devraient avoir un rythme de croissance similaire à celui des emplois formels, mettant ainsi en péril la tendance lente mais persistante en faveur de la formalisation observée ces quinze dernières années.
L’OIT a attribué la détérioration du niveau des heures travaillées à la mi-2022 à la réintroduction de mesures de restriction en matière de santé publique et les perturbations qui en ont résulté pour l’économie et le marché du travail en Chine.
L’agence onusienne avance aussi la guerre en Ukraine ainsi que les chocs sur les prix de l’énergie et des denrées alimentaires, qui ont accru les pressions inflationnistes tout en affaiblissant la reprise du marché du travail à travers le monde.
Les données régionales montrent que les Amériques constituent la région qui enregistre jusqu’ici les meilleures performances en 2022, avec des heures travaillées qui dépassent le niveau d’avant la crise depuis le 2e trimestre 2022. Par contre, le nombre d’heures travaillées dans toutes les autres régions du monde demeure bien au-dessous du niveau d’avant la crise.
Même si l’Afrique et les États arabes ont montré une tendance à la hausse en 2022, ces deux régions enregistrent encore un écart de 2 % pour les heures travaillées en comparaison avec le niveau d’avant la crise. L’Asie et le Pacifique ont enregistré une baisse de 1,2 point de pourcentage au 2e trimestre de cette année et, ensuite, cette région a connu une légère amélioration de 0,6 point de pourcentage, l’activité en Chine ayant repris après la levée partielle des mesures de confinement.
L’Europe et l’Asie centrale ont quant à elles enregistré deux trimestres consécutifs de baisse, aboutissant à une perte cumulée de 1 point de pourcentage. Selon l’OIT, cette tendance à la baisse a été causée par une détérioration en ce qui concerne les heures travaillées en Europe de l’Est, alimentée par la guerre.
Plus globalement, les perspectives au niveau du marché du travail sont très incertaines, avec des risques grandissants de ralentissement, notamment en raison des conséquences de la forte inflation, du rétrécissement des politiques monétaires, de l’alourdissement du poids de la dette et du déclin de la confiance des ménages.
Pour l’OIT, il faut utiliser une approche exhaustive, intégrée et équilibrée pour lutter contre l’inflation tout en protégeant les emplois et les revenus. « Des choix politiques judicieux doivent être faits pour naviguer face à ces crises multiples qui ont des conséquences profondes sur le monde du travail ».
Le Directeur général de l’OIT a appelé à une série de politiques visant à soutenir les personnes et les entreprises les plus vulnérables, ce qui pourrait inclure la canalisation des bénéfices exceptionnels des entreprises vers l’emploi ou l’aide au revenu. « Nous ne saurions trop insister sur la nécessité de mettre en place des mesures sociales et de veiller à ce que le resserrement monétaire destiné à lutter contre l’inflation soit réellement associé à des mesures sociales », a déclaré M. Houngbo.
Il attend de la communauté internationale, « un engagement fort » en faveur d’initiatives comme l’Accélérateur mondial de l’ONU pour l’emploi et la protection sociale. Ce qui permettrait de contribuer à la création de 400 millions d’emplois et d’étendre la protection sociale aux quatre milliards de personnes qui sont actuellement sans protection.
« De plus, comme l’exigent les résolutions prises par le Conseil d’administration de l’OIT, une fin rapide du conflit en Ukraine, contribuerait encore davantage à l’amélioration de la situation de l’emploi dans le monde » a conclu le chef de l’OIT.



 

Monde 2022-11-01 13:38:00