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Le célèbre photojournaliste Reza Deghati se hâte de nouveau vers le Karabagh

« J'ai dit à l'ambassadeur d'Arménie en France que je dirais la vérité même s'ils étaient 500 millions, et pas 500 000 »

Bakou, 21 novembre, AZERTAC 

Nous avons appelé Reza Deghati plusieurs fois. Le téléphone était occupé. Puis il nous a rappelé et a dit qu'il partait pour le Karabagh. On s'est dit d'accord pour s'écrire sur WhatsApp ...
Le photojournaliste azerbaïdjanais originaire de Tebriz est venu en Azerbaïdjan pour capter les jours historiques avec son appareil photo. Aujourd'hui, ses photos sont diffusées en Azerbaïdjan par les chaînes de télévision, les agences de presse, les sites d'information et les portails.
- Vous êtes en Azerbaïdjan depuis plus d'un mois. Où êtes-vous allé et qu'avez-vous photographié?
- Ces jours-ci, je travaillais dans deux directions: à la fois dans les territoires libérés de l'occupation arménienne, et à Berdé, Terter, Gandja et ailleurs, qui ont été soumis aux bombes à sous-munitions par l'Arménie. Au fur et à mesure que nos soldats avançaient, je les suivais ...
Reza Deghati a partagé ses nouvelles photos de Khoudaferin sur Instagram : « Les déplacées internes de Djabraïl pourront voir ces endroits pour la première fois après 27 ans ».
Reza Deghati, qui a partagé des photos des funérailles d'un habitant de la région de Terter, Orkhan Ismayilzadé, âgé de 16 ans, a écrit: « La couleur rouge de la grenade nous rappelle tristement son sang ».
Il présente des photos des funérailles de la petite Aysou Iskenderova, âgée de 7 ans, tuée lors du bombardement de Berdé, avec le commentaire suivant: « Lorsque le bombardement a eu lieu, elle et sa petite sœur ramassaient des fleurs ... »
- Quelles émotions ressentez-vous en voyant les villes, les villages et les monuments historiques détruits?
- Vous savez, je suis en fait un architecte et je les regarde à travers les yeux d'un architecte. Je n'ai pas trouvé une seule maison en bonne état dans les villages où je suis allé. Les deux mosquées étaient plus ou moins sûres. Des porcs et du bétail étaient gardés dans les anciennes mosquées dans le village de Memer de la région de Goubadly et le village d'Alkhanly de la région de Fuzouli. J'ai pris des photos de tout ça ...
Le photojournaliste a commenté les photos qu'il a partagées « La mosquée s'est transformée en porcherie. Je suis entré dans la mosquée, j'ai regardé autour de moi, le sol était couvert d'excréments, l'odeur était lourde. J'ai vu deux pots d'eau pour les animaux. Les soldats m'ont dit que lorsqu'ils étaient entrés dans la mosquée, elle était pleine de porcs ».
- Vous vivez en France, où le lobby arménien est fort. Y a-t-il des pressions, des persécutions, des obstacles?
- Je vis en France depuis quarante ans, je suis citoyen de ce pays. Depuis 1992, j'essaye d'expliquer au monde la tragédie de Khodjaly et le problème des personnes déplacées internes, et depuis, je suis la cible du lobby arménien. Par exemple, ils viennent à mes expositions et y déchirent les photos. Une fois, quelques heures avant l'ouverture de l'exposition, des mots insultants ont été écrits sur toutes les photos. Quelques fois, lorsque j'ai pris la parole lors des conférences, ils ont crié que j'étais un homme du gouvernement azerbaïdjanais. Ils écrivent beaucoup contre moi sur Internet. Une fois, l'ambassadeur d'Arménie en France m'a invité à discuter à Paris. Dans ce pays, les ministres, les diplomates, les ambassadeurs respectent les artistes d'autres nationalités. Un jour, lors d'un événement, le président français m'a invité à m'asseoir à côté de lui pendant le déjeuner. Lorsque l'ambassadeur arménien en France m'a invité à dîner, je lui ai demandé de quoi il allait parler. Il a dit qu'il aimait mes photos. À l'époque, j'avais une grande exposition près du bâtiment du Parlement à Paris. Il y avait une photo célèbre de Khodjaly dans cette exposition - une photo que j'ai prise quand une femme a crié qu'elle avait trouvé les corps de son fils et de son mari et que leurs yeux avaient été arrachés. L'ambassadeur arménien a tenté de m'intimider et de me détourner de mon chemin en disant qu'il y avait 500 000 Arméniens en France et que j'étais seul. « Vous êtes originaire de Tebriz. L'Arménie a de très bonnes relations avec l'Iran et les Iraniens, alors travaillez avec nous », a dit l'ambassadeur.
J'ai protesté. En tant que photojournaliste, j'ai dit que j'étais responsable de raconter au monde ce que j'ai vu, y compris des photos du massacre commis par l'Arménie à Khodjaly. J'ai dit que je dirais la vérité, même s'ils étaient 5 millions, et pas 500 000 et je me suis levé et suis parti. Le lendemain, ils ont envoyé des hommes qui ont déchiré cette célèbre photo lors de l'exposition. J'ai laissé l'espace pour cette photo en blanc et j'ai écrit que je n'étais pas autorisé à organiser une exposition à Paris où tout le monde avait la liberté d'expression. C'est pourquoi j'ai mis cette photo sur mon site Web et tout le monde peut la voir. J'ai également publié d'autres photos sur mon site Web. Le lobby arménien a également engagé un avocat pour me poursuivre en justice ...
Une autre pression est liée aux finances. Au fil des ans, ils ont empêché la mise en œuvre de 20 à 30 projets. Par exemple, lorsqu'un musée en France souhaite exposer mes photos, il est sous pression. Ainsi, l'exposition n'a pas lieu.

Societe 2020-11-21 19:54:00